Le réseau routier ivoirien compte, en fin août 2023, plus de 82 000 km de routes, dont plus de 7 600 km de routes revêtues, et 4 000 km de voiries urbaines, en majorité concentrées à Abidjan. Une autoroute de 362 kilomètres relie la capitale économique Abidjan à Bouaké. Le pays dispose également d’une voie express en 2×3 voies longue de 28 km, communément appelée « autoroute » Abidjan – Grand Bassam. Le développement du réseau autoroutier se poursuit avec l’aménagement en cours de la section Grand Bassam-Assouindé longue de 30 km. L’aménagement et le bitumage de la section Abidjan – carrefour de Jacqueville, sur l’autoroute Abidjan – San Pédro est en travaux.
La Côte d’Ivoire, comme la plupart des pays de la sous-région Ouest Africaine, est confrontée au défi de la durabilité des routes. Les changements climatiques observés ces dernières années, avec les pluies diluviennes et le réchauffement climatique, ne sont pas sans conséquences sur la vie des chaussées routières et leur capacité de résilience.
INTRODUCTION
Le réseau routier du pays a connu un développement progressif de l’époque coloniale jusqu’en 2010 et un développement accéléré de 2010 à 2023.
Durant la première quinzaine des années d’après indépendance, les pays de la sous-région ont fait le choix de construire des routes économiques, en adéquation avec la densité et le poids du trafic routier de l’époque ; d’où la mise en œuvre de revêtements en enduit superficiel sur la plupart des routes. La Côte d’Ivoire a également suivi ce mouvement mais, en dehors de la route Toumodi – Dimbokro construite en 1973, les dégradations prématurées observées sur certaines routes à l’ouest du pays ont contribué à l’abandon de l’enduit superficiel. Le pays a, dès lors, opté pour des revêtements en béton bitumineux et en enrobés denses de 4 à 5 cm d’épaisseur.
Après 1978, le Sand Asphalt sera amplement utilisé sur les routes à trafic faible à moyennement faible, pour permettre à la plupart des régions d’être reliées par des routes revêtues. L’utilisation de ce revêtement connaîtra, cependant, un arrêt sur toute l’étendue du territoire national après 2010. En effet, dans la perspective de doter la Côte d’Ivoire de routes à longue durée de vie, l’une des recommandations des états généraux de la route, qui se sont tenus à Abidjan en 2010, est l’abandon de l’utilisation du Sand Asphalt au profit des revêtements en béton bitumineux.
Dès lors, après 2010, seule la route interurbaine Boundiali – Tengrela – frontière du Mali, dont le financement des travaux avait déjà été bouclé avant cette réorientation, disposera d’un revêtement en Sand Asphalt. Cette route a été ouverte à la circulation en 2016.
Un phénomène observé depuis le début des années 2000 est l’apparition de la surcharge des camions lourds de transport de marchandises sur les routes classées communautaires par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), qui sont des voies de communication à caractère international. Ce phénomène de surcharge influe considérablement sur la durée de vie des routes.
Aujourd’hui, eu égard au niveau de trafic observé sur certaines voies et routes structurantes du pays, les entreprises internationales de travaux recommandent aux administrations routières de la sousrégion, des bitumes modifiés ou additivés avec l’utilisation, entre autres, de bétons bitumineux à modules élevés. Les températures élevées dans les pays ouest africains et pluviométrie laissent cependant dubitatifs certains d’entre eux, notamment le Sénégal qui n’a pas retenu ces types de revêtements dans son catalogue de dimensionnement de chaussées. La Côte d’Ivoire a, quant à elle, introduit les bétons bitumineux à module élevé dans l’édition actualisée en 2022 de son manuel de dimensionnement des chaussées mais, le pays ne dispose pas de recul suffisant sur ces revêtements.
1 Objectifs
L’objectif général de ce séminaire sur les revêtements routiers dans le contexte de l’Afrique tropicale est d’aider les administrations routières à bien choisir les revêtements routiers en fonction du contexte climatique, du trafic et de la durée de calcul de la chaussée. Il s’agira de bien comprendre les critères et conditions d’exploitation pouvant guider le choix des différents revêtements routiers en matériaux hydrocarbonés. Un accent particulier sera mis sur l’utilisation des bitumes à module élevé, modifiés ou additivés afin d’optimiser les investissements dans les infrastructures routières à partir de chaussées durables et résilientes. Les pays ayant capitalisé des expériences et disposant de technologies adaptées avec la formulation performancielle des enrobés pourront partager leurs expériences, en mettant en lumière les échecs et réussites.
Objectifs spécifiques
Plus spécifiquement, il s’agit de :
faire un bilan sur les différents revêtements routiers utilisant des liants hydrocarbonés ainsi que sur les différents types de bitumes purs utilisés dans le contexte de l’Afrique de l’Ouest, en particulier celui de la Côte d’Ivoire et ;
analyser les familles de bitumes modifiés ou additivés et les conditions de leur utilisation dans le contexte de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique de l’Ouest ;
examiner les coûts de revient des revêtements routiers – définir pour différents trafics, le type de revêtement adapté.
2 Résultats attendus
Les résultats attendus de ce séminaire sont :
- Un bilan actualisé sur les différents revêtements routiers utilisant un liant hydrocarboné est réalisé et disponible ;
- L’origine des bitumes purs utilisés dans la sous-région et surtout en Côte d’Ivoire est connue;
- Les différents types d’enrobés à module élevé, modifiés ou additivés sont identifiés et les zones de leur mise en œuvre connues ;
- Les caractéristiques mécaniques des différents types de revêtements utilisant un liant hydrocarboné sont maîtrisées en laboratoire ;
- Les performances mécaniques et économiques de ces revêtements dans des contextes différents sont présentées ;
- Les retours d’expérience et les recommandations existantes sont exposés et des enseignements sont tirés, en vue d’une mise en place de guides et normes pour encadrer l’utilisation de ces techniques dans les pays africains qui n’en ont pas la pratique usuelle.
3 Déroulement du séminaire
Ce séminaire se déroulera sous la forme d’ateliers et de conférences. Les contributions des experts en réponse à l’appel à communications seront traitées préalablement au sein d’un comité scientifique. Les communications retenues feront l’objet de présentation en plénière et dans des ateliers. Des stands d’exposition des produits de revêtement des routes seront mis à disposition des entreprises de travaux, des laboratoires et bureaux d’études.
Le séminaire se déroulera sur deux (2) jours et demi à Abidjan en République de Côte d’Ivoire. La matinée du troisième jour sera consacrée à des visites techniques. Le thème général et des sousthèmes sont présentés ci-après :
Thème général : Performance des revêtements routiers en liant hydrocarboné dans le contexte environnemental de l’Afrique tropicale.
- Sous-thème 1 : Les types de bitumes purs utilisés dans les revêtements routiers et leurs performances dans le contexte climatique de la sous-région ;
- Sous-thème 2 : Performance des bitumes modifiés ou additivés en relation avec le trafic et le contexte climatique ;
- Sous-thème 3 : Retours d’expérience dans la sous-région des revêtements comportant du liant hydrocarboné (vieillissement, orniérage, fissuration) ;
- Sous-thème 4 : Conditions pour la réussite sur chantier (aspects à respecter pour la fabrication des liants et la mise en œuvre des revêtements en liant hydrocarboné, compactage des enrobés, contrôles).
4 Participants
Le séminaire sur la performance des revêtements routiers dans le contexte environnemental de l’Afrique tropicale réunira : (1) les gestionnaires des routes ; (2) les organisations socioprofessionnelles du domaine des routes ; (3) les professionnels du Génie Civil (responsables des entreprises et bureaux d’études techniques) ; (4) les chercheurs ; (5) les industriels ; (6) et les étudiants. Il est attendu au moins 150 participants au séminaire.
Ce séminaire est prévu pour le début de l’année 2024, du 26 au 28 février 2024.
Depuis 2010, la Côte d’Ivoire a amorcé une nouvelle dynamique dans le renouvellement et l’extension de son réseau routier. La question de la durabilité des routes réhabilitées ou nouvellement construites est une préoccupation majeure pour le gouvernement. Les revêtements routiers jouant un rôle important dans la durabilité des chaussées, il apparaît nécessaire aux ingénieurs et experts routiers de leur accorder une attention particulière, surtout que plusieurs types de bitumes modifiés ou additivés commencent à être mis en œuvre dans le pays.
Ce séminaire permettra aux experts routiers de partager leurs connaissances sur cet important sujet.